Dédéyan, Charles (1976) Le cosmopolitisme européen sous la Révolution et l’Empire. 2 vols. Paris: Société d’édition d’enseignement supérieur.
One of the rare books of intellectual history about cosmopolitanism in Europe. Written in French, it is focusing on the periods immediately after the Enlightenment: the French Revolution and the first Empire under Napoléon Bonaparte. It is interesting and worth reading for students of cosmopolitanism in two respects. First, it acknowledges the apparition of the word ‘cosmopolitanism’ in French in 1863. The date is very interesting because it is probably not coincidental. My contention is that cosmopolitanism appeared as a conscious idea described by a word only because nationalism became socially embedded. Nationalism constructed an opposite — cosmopolitanism — even though nationalism and cosmopolitanism were originally one and the same before and during the revolution. Second, it is a good introduction to several major European authors and their thought in cosmopolitan terms.
However, the books starts with no definition of ‘cosmopolitanism’ and accepts the historically given concept of opposition to nationalism.
Here follows a summary of some of the main elements concerning cosmopolitanism in France.
Guillaume Postel dans sa République des Turcs a employé pour la première fois en 1560 le mot cosmopolite, que Robert Estienne a introduit sous la forme cosmopolitain. Le mot cosmopolitisme n’existe que depuis 1863. Cependant, on n’a pas attendu cette date pour faire acte de cosmopolitisme : ne pas s’enfermer dans son pays, ne pas limiter ses amitiés et inimitiés à ses compatriotes (Erasme, Montaigne, Sir Philip Sidney, au XVIe, Descartes, Grotius, Saint-Evremond ou Pierre Bayle au XVIIe). (3)
C’est au 18eme siècle que ce cosmopolitanisme va devenir plus général et plus littéraire par la vie des salons et les voyages des gens du monde. Mais le mouvement date du XVIIe. (4)
La France aide à l’épanouissement du cosmopolitisme en tournant ses regards vers l’étranger, avec son prestige européen, et grâce à sa langue universellement répandue. Beaucoup d’œuvres étrangères se propagent en Europe grâce à leurs traductions françaises. (4-5) La France et Paris en particulier deviennent le centre de la vie culturelle. (5-13)
Les cosmopolites marquants
Suard
Cosmopolite littéraire de l’ancien régime.
Rivarol
Discours sur l’Universalité de la Langue française : « Ce qui n’est pas clair n’est pas français ». Un auteur étranger traduit en français a sa pensée clarifiée et expliquée avec précision. Le français est fait pour le commerce des idées et la conversation. Il a « la probité de son génie ». Par son caractère rationnel, social, sa précision, le français n’est pas seulement national, il a une vocation cosmopolite et humaine. (280)
Il approfondira ses idées dans le Discours préliminaire et le Prospectus.
Il laisse après sa mort un opuscule inédit : Souveraineté du peuple.
Chênedollé
Les idées philosophiques et politiques
Les idées philosophiques :
1. Le kantisme
Face à l’ancienne philosophie se dresse le criticisme.
2. L’éclectisme
Les milieux cosmopolites ont une sorte d’éclectisme
3. La pensée maistrienne
Joseph de Maistre veut l’union de la science et de la foi.
« … sous l’influence des occultistes, des illuminés, des théosophes de la fin du XVIIIe siècle, comme sous l’influence de philosophies plus constructives, le cosmopolitisme fait une place importante aux formes irrationnelles de la pensée, sans que les divergences cessent d’être profondes, d’un centre à l’autre, d’un homme à l’autre. » (609).
Les idées politiques
1. Diversité des idées politiques
En littérature deux groupes de cosmopolites se sont distincts : les pro et les anti. On se brouille quand à l’attitude à avoir face à la révolution : restauration ou non.
Portalis dans une lettre du 23 septembre 1799 : « Il ne s’agit pas uniquement de rétablir, il faut régénérer, il faut s’occuper des hommes encore plus que des choses et créer pour ainsi dire un nouveau peuple. » (610)
Montlosier : Vues sommaires sur les moyens de paix pour la France, pour l’Europe, pour les émigrés.
Dédéyan discusses primarily the opposition between monarchists and constituants.
Bertrand de Molleville dans ses Mémoires secrets témoigne de sa méfiance à l’égard des institutions anglaises : « les climats d’Angleterre et de France, les mœurs et le caractère des deux nations sont absolument opposés, et le bon sens indique que les lois doivent, pour être bonnes, s’adapter à ces nuances. » (611)
2. Les idées de Bonald
Réfute Montesquieu et Rousseau en s’inspirant de Leibnitz. 1796 : Théorie du pouvoir.
Contre Montesquieu : C’est du mot constitution qu’il part et pour lui le mot constitution est « ce qui fait la substance d’un corps ». « L’homme ne peut donc pas plus donner une constitution à la société religieuse ou politique qu’il ne peut donner la pesanteur aux corps, ou l’étendue à la matière. » (612-13) Libre à Montesquieu de faire des inventaires et de voir les différences : c’est une conception « végétale ».
3. L’originalité de Mounier
1795 Adolphe ou principes élémentaires de politique et résultats de la plus cruelle des expériences : combat les fausses maximes du contrat social.
Distinction entre sauvages et civilisés, mais l’état de barbarie peut toujours revenir. (614-615).
Propriété individuelle est préconisé, mais les riches auront un devoir envers les pauvres.
Il limite la souveraineté du peuple dans son origine : « Lorsqu’on affirme que la souveraineté dans son origine émane du consentement du peuple, on exprime une vérité de la plus grande évidence, mais d’une manière qui la rend susceptible d’une fausse interprétation. Au lieu de parler du consentement du peuple, il serait plus exact de parler de celui des premiers facteurs du corps social. Ils ne pouvaient être qu’un petit nombre puisque sans avoir encore des chefs, ils étaient parvenus à s’entendre et à partager la même résolution. » (615)
La souveraineté ainsi limitée ne peut être maintenue que dans ces limites. Il y a des hommes qui sont en dehors du suffrage et il ne faut pas y faire accéder une « multitude aveugle ». De là vient l’idée du suffrage censitaire au XIXe siècle. (615)
L’égalité entre hommes n’existe pas, elle ne peut être entière et parfaite que pour les droits de sécurité et de sûreté.
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